Violette a souhaité laisser ses souvenirs à ses descendants
Elle a bien voulu nous laisser en publier quelques extraits ici, merci !
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Commentaires aux récits de Violette
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La décision d’écrire mes souvenirs m’est venue un matin, après avoir lu un article dans le Reader Digest, un article intitulé : « écrire ses mémoires ».
Alors, je me lance, avec cette envie de les écrire et de me raconter, pour laisser des traces de mon passage sur cette terre d’Algérie en Afrique du Nord, dans ce village de Mers-el-Kébir où j’ai vécu de ma naissance en mars 1947 à mon adolescence le 9 juillet 1962. Ce triste jour de notre départ, j’avais 15 ans.
Je croyais ses souvenirs perdus au fond de moi, mais tout a ressurgi très fort lors de mon premier retour en Algérie en 2005. J’ai tout retrouvé dans ma tête en revoyant l’aéroport de La Senia, puis Oran, et surtout Mers-el-Kébir …
Je veux raconter à mon mari, à mes enfants, et petits enfants qui je suis et d’où je viens. C’est le cas de le dire : « Je viens d’un pays qui n’existe plus », sans nous, les Pieds Noirs, mais que nous essayons de faire revivre sur des sites internet comme celui-ci.
Nous avons un lien de parenté avec Françou : nous sommes les enfants de cousins du côté de mon père et pour lui de sa mère, Scotto di Vettimo – Onetto. Nous nous sommes rencontrés sur un groupe de discussion que nous appelons « Le Boulevard ». Nous y évoquons notre vécu au village jusqu’en 1962.
Ma petite enfance : de ma naissance en 1947, jusqu’à mes deux ans (1949), nous habitions au 12 impasse Fieschi au Plateau Saint-Michel à Mers-el-Kébir. Nous étions deux familles de locataires au rez-de-chaussée et une autre famille à l’étage.
Dans cette cour vivaient la famille G. et la mienne. Alice surnommée Lily était la fille de M. et MM G. C’est Lily de 15 ans mon aînée, qui m’a appris à faire mes premiers pas, je l’appelle ma nounou. Je n’ai aucun souvenir de cette époque, c’est elle qui m’a tout raconté.
Puis ma grand-mère maternelle, Marie Botella épouse Colinet est tombée malade. Elle est restée paralysée pendant 5 ans. Pour pouvoir nous en occuper nous avons donc habité chez nos grands-parents.
Mon grand-père Pierre Colinet , nous l’appelions « Pépère ».
Assise sur ma chaise haute, Pépère s’asseyait devant et me regardait Il avait un certain plaisir à regarder mes yeux … Il disait que j’étais belle, et je n’avais pas 2 ans. Pépère est parti quand j’avais 4 ans et ½. Il saignait souvent du nez, allongé sur son lit, quand je passais devant et que je le regardais, il me faisait signe de partir, avec sa main. Il ne voulait pas que je vois le sang couler de ses narines. Pauvre Pépère … lui si costaud, si grand, partir comme cela à 70 ans …
Je me souviens aussi de la grande natte de cheveux de Mémère (ma grand-mère). Elle avait 59 ans mais elle en paraissait beaucoup plus.
Ma grand-mère Marie Botella est devenue épouse Colinet en secondes noces, Mémère, s’était mariée une première fois avec Francisco L. Francisco travaillait à la mine de Mers-el-Kébir, lors d’un accident de mine il a été tué, quelques mois après, tonton François est né, Mémère était veuve.
En 1949 alors qu’elle était paralysée dans son lit, maman attachait ma sœur Sabine sur la chaise haute, elle devait avoir moins d’un an, moi je restais parterre à jouer, et ma mère partait travailler à la Sardine, lieu-dit juste avant Mers-el-Kébir en venant d’Oran.
Quand les bateaux arrivaient pleins de sardines, l’usine appelait les ouvrières en faisant sonner une sirène. Les sardines étaient nettoyées et mises en boites, puis expédiées. Quand ma mère revenait de son travail, elle eut un jour la surprise de retrouver des crottes sur la coiffeuse : meuble bas avec une grande glace au milieu. Je devais avoir tout juste trois ans, j’étais la seule à pouvoir bouger dans la chambre, je ne pouvais pas nier … Avec du recul, je pense que je faisais cela pour qu’en rentrant ma mère s’occupe de moi.
Plus grande, à cinq ans, j’allais à l’école maternelle. Dès que je rentrais de l’école, j’ouvrais le tiroir du buffet de la cuisine et je prenais ma sucette en caoutchouc. Je bavais tellement que ma mère me mettait une serviette, un genre de bavoir en grosse toile. Un jour elle a fait semblant de jeter ma sucette, dans le champ en face, mais elle l’avait gardée dans sa main. J’y ai cru, et plus jamais je ne l’ai réclamée.
A force d’être couchée, Mémère avait des escarres aux pieds. Ma mère mettait un produit sur du coton hydrophile, et je lui nettoyais ses maux avec une grande douceur, j’allais doucement pour ne pas lui faire plus de mal.
En primaire, vers mes six ou huit ans, je travaillais bien en classe, et quand je rentrais de l’école, Mémère, sans rien me dire, rien qu’avec son regard tourné vers l’armoire, je comprenais. J’ouvrais l’armoire et je sortais une pièce de 5 francs, une grosse pièce en aluminium d’une boite de fer. J’allais alors chez Pépéta, l’épicière et j’achetais des madeleines. Quelles étaient bonnes ces madeleines ! …
Le curé Koeger venait souvent rendre visite à Mémère, comme à tous les malades, riches ou pauvres, du village. Je n’ai pas d’autres souvenirs de lui. Maman disait qu’il était gentil. Ça c’était un curé ! …
Quand elle nous a quitté, Mémère n’avait que 59 ans mais en paraissait beaucoup plus. Longtemps paralysé, elle a beaucoup souffert de tous ces maux purulents. Son départ fut une délivrance pour elle.
Un peu avant de partir, Mémère avait fait des séjours à l’hôpital d’Oran, sans doute l’hôpital civil. Comment avait-t-elle été transportée ? Et par qui ? Ça je ne le saurais jamais. Je me souviens lui avoir rendu visite ; c’était une grande salle pleine de lits et de malades. Certaines fois, c’était tata Françoise, sa sœur, l’aînée des enfants Botella, qui nous gardait chez elle. On était très souvent dans cette petite pièce, la cuisine, qui donnait dans la rue, face à la gendarmerie. Notre occupation principale était de regarder passer les gens et les mouvements de la gendarmerie. Quand tata Françoise était enrhumée, elle faisait brûler du thym ou du laurier dans sa cuisinière en fonte, pour assainir l’air. Quand notre mère nous amenait à l’hôpital civil voir Mémère, je me souviens que je jouais derrière la tête du lit qui était éloigné de la fenêtre.
J’ai quelques souvenirs de ma petite enfance entre 1949 et 1954. Dans ce grand jardin où habitaient mes grands-parents maternels, Pépère Pierre et Mémère Marie. Pour que ma mère puisse s’occuper de Mémère paralysée, nous avons donc habité chez eux pendant cette période. Nous étions sur la partie haute de cette grande maison, à côté de la famille Bachelier, en dessous la famille A., Manolo le sourd muet qui tressait l’alpha ramenée de la montagne, pour couvrir les bonbonnes en verre, et la tia (tante en espagnole) Tchiotchione.
La famille A. comprenait les parents, que j’ai toujours eu un certain plaisir à appeler Monsieur et Madame A., les enfants : Joseph, Claudine, Monique et Odette l’aînée. Odette s’est mariée avec Louis B. un marin breton avec qui elle a eu trois garçons ; Alain, Roger surnommé Gégé et Marc que j’ai vu naître. Depuis que je l’ai retrouvé sur Internet, j’ai surnommé Alain « mon grand frère ». Le grand frère qu’inconsciemment j’aurais aimé avoir. Lui m’appelle « ma petite sœur », nous n’avons que six mois d’écart. Toute la famille, sept adultes et trois enfants vivaient au rez-de-chaussée. Le soir, sous la véranda, on prenait le frais, les tarentes couraient sur les murs, autour de la lampe allumée. Tout autour il y avait un grand jardin, avec un coin pigeonnier, la cave à coté qui donnait sur toute la surface habitée. C’était noir, frais, mais on y trouvait de tout, des vieilles chaises, du bois….que Monsieur A. sortait pour faire la « fouguera », les feux de la Saint-Jean. On faisait une ronde autour de ce feu en dansant. C’était sur la route entre l’entrée du jardin et la salle paroissiale. On était heureux, c’était avant 1954.
A partir des événements du 1er novembre 1954, début de la guerre d’Algérie, je n’ai plus connu de « fougera ». Dans ce grand jardin, nous étions deux filles et trois garçons. Maman nous surprotégeait. Les garçons étaient rudes et selon ma mère, ils tapaient ses deux filles. J’ai ce souvenir parce qu’elle en a toujours parlé. Ce que je me souviens, c’est de leur avoir pris des petits sujets en plastique, qui traînaient sur le petit mur qui séparait la véranda d’un figuier, une sorte de petite vengeance.
Dans ce grand jardin, il y avait une balançoire accrochée sous un figuier. Il y avait beaucoup de fleurs, un peu partout et un mimosa à l’entrée du bas. En rentrant de son travail, mon grand-père Pierre cueillait un brin de mimosa, et me le donnait. Je pense que c’est lui qui m’a donné le goût des fleurs sauvages. Les allées étaient bordées de toutes sortes de fleurs. Il y avait un pied de grosses marguerites blanches juste à la montée des escaliers de la famille Bachelier. Quand il faisait chaud et en plein midi, j’allais chercher des glaçons chez Madame A., elle les faisait dans sa glacière, le frigidaire n’existait pas encore, dans les années 1950. Je descendais les marches, et en bas, je me déchaussais puis je marchais pieds nus sur les carreaux de pierres brûlants. Ceci alors que ma mère me l’interdisait. A l’hiver 1954, la neige était tombée. Je ne connaissais la neige que sur les cartes postales de Noël. Je n’ai un souvenir précis de cette neige qu’à un endroit, sur les escaliers, je revois encore des traces laissées en descendant et de cette boule de neige que j’avais faite.
A Mers-el-Kébir, nous avions le docteur M. A sa retraite, c’est son fils qui a repris son cabinet. C’est grâce à ce docteur (le père), que j’ai été dans cet aérium, vers Misserghin, suite à une coqueluche, mais aussi pour reposer un peu ma mère qui était épuisée des cinq années de paralysie de Mémère.
C’est à Misserghin qu’est née la clémentine, à partir d’une greffe de mandarine et de bigaradier. C’est le père blanc Clément de son vrai nom Vital Rodier 1829-1904, de l’institut des frères de notre dame de l’annonciation à Sidi Bel Abbes, il était chef de culture à l’orphelinat de Misserghin.
L’aérium était sur la route de Misserghin. Il se trouvait assez loin d’une route bordée d’arbres, c’était un endroit entouré de quelques fermes agricoles, cet endroit s’appelait : Le Rocher. Quand maman venait me voir, elle prenait l’autocar TRCFA qui assurait la ligne pour desservir Misserghin, Boutlelis, sur la nationale 2, puis elle prenait un taxi qui la laissait sur cette route déserte. N’importe quoi aurait pu lui arriver….c’était l ‘époque des événements et il y avait des risques pour une femme seule Je me souviens avoir fait un petit séjour à l’infirmerie. Je toussais beaucoup mais l’infirmière ouvrait les fenêtres en grand. L’air était sain ma mère m'aurait plutôt confinée à la maison, mais là c'était autrement on nous faisait la classe sous une allée ombragée par des grands arbres. Il y avait eu une petite fête, genre kermesse, j’avais gagné, sans doute à la pèche, une petite boite dans laquelle se trouvait une glace, de la poudre de maquillage et un petit tube de rouge à lèvres. Je l’avais placée dans le tiroir de ma table de chevet, et le lendemain matin tout avait disparu…ça avait dû plaire à une autre fille qui me l’a piquée.
Lors de mon 3ème retour en Algérie, en 2007, j’ai su par un ami, qu’on appelle l'Ambassadeur, car il nous représente lors de certaines cérémonies, commémorations, sur place, fait partie d’associations telle l’entretien de nos cimetières et nous rend service quand on a besoin de lui, que cet aérium servait de lieu de soins pour les enfants cancéreux. J’ai revu l’infirmerie, au milieu de plusieurs bâtiments construits après 1962. L’aérium se trouve pas très loin de Misserghin, sur le côté gauche de la route, à la sortie Ouest d’Oran.
Le village construit autour de l’aérium n’existait pas avant 1962.
Mes parents : mon père et ses frères était pêcheurs. ils avaient deux ou trois barques à moteur. Ils partaient le soir et pêchaient toute la nuit. Mon père avait le rôle de « gros bras », il remontait les filets dans la barque, avec tous les poissons pris dans les mailles. Le matin, ils prenaient leur petit déjeuner sur le bateau, ils faisaient le « caldero », cuisson des petits poissons tous frais pêchés, avec du riz.
Ma mère a travaillé dans une usine de sardines. A la maison, elle confectionnait nos chemisiers, robes, jupes qu’elle faisait plisser à Oran, quand nous étions petites elle nous faisait aussi nos manteaux. Elle tricotait nos pulls. Elle rendait visite à la famille, à une amie : madame Yvonne I.. On allait ensemble à la plage où était construit le cabanon du compagnon de Mme I.. Le car nous arrêtait sur la route et on descendait le long des vignes. On passait la journée muni du « cabassette » (petit panier) où il y avait notre manger, sur ce petit bout de plage de sable, entouré de rochers. Les vagues amenaient dans les petites cuvettes entre les rochers, des crabes, des crevettes, des escargots de mer et des arapèdes faisaient ventouse sur les rochers. Tous les dimanches après-midi, nous allions au cimetière. Maman attendait que mon père ramène sa paye pour régler les achats de la semaine chez l’épicière, la tante Pepeta. Plus tard elle a gardé Éric et Philippe , les 2 enfants de Claudine .elle s' occupait des enfants avec ma soeur , puis en partant ma soeur allait à l' école qui était sur leur chemin . Éric et Philippe passaient la journée chez tata Sylviane , moi je partais toute la journée au lycée Ali Chekkal à oran.
Historique des ascendants Marcovich – Marcowich – Marnicowich ou Marnicovich.
Après avoir écrit à différentes administrations en Espagne, mais n’ayant aucunes dates de naissance, décès, noms précis et pas de prénoms, je n’ai pas pu avoir des renseignements. Et, comme les archives des églises qui détenaient tous ces renseignements ont plus ou moins été détruites pendant la guerre, je butte à cette époque entre fin 1700 et début 1800.
J’ai pu situer les dates de ses parents d’après le certificat de décès de Francisca Marcovich, née en 1810 à Santa Pola Espagne, décédée le 02 02 1894 à Mers El Kébir Algérie, que son père, un certain russe polonais ou cosaque : Marcowich, né fin 1700, qui était docker sur l’ile de Tabarca en face de Santa Pola en Espagne, et s’était marié avec une certaine Tonetta ? Elle était très jeune et ils avaient eu une fille Francisca Marnicowich qui est née en 1810, donc sa maman est née vers la fin des années 1700 aussi. La maman préférait aller au bal et ne s’occupait pas de sa fille. Le mari jaloux l’aurait écartelée. Elle s’est vidée de tout son sang, et s’est momifiée. Elle a été mise dans un sarcophage transparent. Tous les habitants du village la prenaient pour une sainte, et la vénéraient. Le mari s’étant constitué prisonnier aurait élevé sa fille en prison, on a même dit qu’il lui tricotait des robes. Tout cet historique nous a été, à nous comme à mes cousines, cousins, raconté par nos mamans, tout au long de leur vie. En 2012, un cousin de ma mère âgé de 80 ans nous a relaté les mêmes faits. Un de mes cousins Pierre Scotto d’Apollonia, fils de ma tante Colette, la maman aussi de Sylvain, a été au cimetière de Santa Pola en 1987, pour éclaircir ces dires. Au cimetière, le gardien lui a raconté les mêmes faits qu’il détenait de son grand-père lui-même gardien de cimetière. Il a retrouvé une tombe où finalement Tonetta a été enterrée avec des neveux ou petits neveux : le sieur Francisco S. P. né en 1907 et décédé en 1983, et de sa femme Francisca G.née en 1910 et décédée en 1986. Mais on ne sait rien de plus en dates et noms.
Autre point non éclairci : mon grand-père Pierre Colinet: ma mère m’a toujours dit qu’il se prénommait Pierre Jean Baptiste Eugène Joseph Napoléon Colinet, mais dans tous ses actes tous ces prénoms ne figurent pas. De plus qu’il venait de Bourges, alors qu’il est né à La Calle près d’Alger en Algérie, et ses ascendants sont tous nés en Corse. Pierre Jean Carment, le fils de ma tante Aline Colinet épouse C., mon cousin a fait dans les années 1970, l’arbre des Colinet qui remonte jusqu’aux années 1774-1766. Il a eu tous ces renseignements à Bourges, pourquoi Bourges ?
D’autres recherches ont montré que les Collinet (avec 2L au début) sont bien originaires du Cher et plus précisément de Couy.
Etymologie du patronyme Colinet.
Colinet : diminutif en Bourgogne-Berry de Colin COLIN : cri de guerre au Moyen-Age. Diminutif de Nicolas
Nicolas : vient du grec Nikelaos- Kikelaos, traduction Niké : Victoire Laos: Peuple
Autre énigme que j’ai éclaircie avec un acte de naissance et un acte de mariage :
Histoire rapportée par Monique L., épouse M.. Fille de mon oncle François L. qui est le fils du 1er mariage de ma grand-mère Marie Botella. En hiver 2004, lors de sa visite chez nous, elle m’a dit qu’un couple de la famille Gilabert, qui serait descendant de Monsieur François Lloris né le 30 05 1888 à Mers el Kébir, et décédé le 24 4 1974 à Marignane, s’était présente comme ses cousins. Ils affirmaient que Monique était une des nombreuses descendants, car ce monsieur enfantait, et plus grossièrement : engrossait plusieurs femmes à la fois, telle mémère qui aurait été fille mère, et comme à l’époque (1910) une fille mère « tait mal considérée, elle aurait inventé toute cette histoire de mariage, veuvage…..
Ni une ni deux, j’ai écrit à l’évêché d’Oran qui m’a envoyé l’acte de mariage de Mémère avec le vrai père de tonton François, père de Monique et de Jean-François Lloris. Par la suite j’ai eu de Nantes (au ministère des affaires étrangères) l’acte de décès de son 1er mari, Francisco L., né à Pechina (Alméria) en Espagne, le 21 03 1886 et décédé le 6 9 1913 à Mers-el-Kébir, dans un accident de mine. Son fils est né le 12 02 1914 à mers el Kébir, son baptême a été fait le 15 5 1914 à Almeria Espagne.
Ma grand-mère a sans doute été à Almeria, chez sa belle-mère pour présenter leur fils (papa décédé) et il a été baptisé là-bas en Espagne.
Lors de notre réunion en 2004 de cousine Monique L. et les cousins Pierrot et Sylvain Scotto d’Apollonia, j’ai pu apporter les preuves écrites à Monique qui m’avait relaté cet épisode : à savoir que son grand-père Francisco L. né le 21 03 1886 à Pechina .Espagne et décédé le 6 09 1913 à Mers el Kébir, n’était pas le père de son père François L. né le 12 2 1914 à Mers-el-Kébir et décédé le 10 01 1992 à Nîmes. Elle m’avait dit qu’un couple de la famille G., descendant d’un sieur François L., né le 30 05 1888 à Mers el Kébir, et décédé LE 21 04 1974 à Marignane, serait son véritable grand-père. Ils s’étaient présentés comme ses cousins. Ils affirmaient que Monique était aussi une de ses descendantes, car ce sieur enfantait et plus vulgairement engrossait plusieurs femmes à la fois, telle mémère qui aurait été fille mère. Et comme à l’époque, une fille mère était mal considérée, elle aurait inventé toute cette histoire de mariage, veuvage…De l’évêché d’Oran, j’ai eu l’acte de son mariage, et par la suite j’ai eu de Nantes, l’acte de décès de son1er mari Francisco L. Je possède aussi en photo la tombe familiale Lloris-Colinet, et quand nous nous sommes rencontrées en 2004, toutes ces preuves ne l’ont pas fait changées d’avis. Elle croit ce que ce couple lui a raconté.
Le 14 juillet à Mers el Kébir: dans notre quartier, il y avait des jeux, ça se passait sur la route, à la hauteur de la maison Assante ; Une corde était tendue en travers de la route en hauteur, et au milieu un seau d’eau était accroché. Une charrette tirée par un concurrent, sur laquelle était monté un joueur muni d’une perche, il devait renverser le seau d’eau
La course aux sacs : on rentrait dans un sac à pomme de terre, en sautant pieds joints, il fallait arriver le 1er.
Le jeu de l’œuf : un œuf frais dans une cuillère, mise dans la bouche. Il fallait faire un parcours sans laisser tomber l’œuf. Puis le bal sur la place du village, animé par des musiciens.
Le 15 août sur la jetée: je me souviens d’un 15 août où nous avions mangé un petit cabri cuit au barbecue sur la jetée de Mers el Kébir. Derrière cette jetée, il y avait des gros blocs de pierres et de grands vagues venaient s’y jeter et éclaboussaient partout. Nous avions certainement mangé une frita avec le cabri. Elle se mange froide. En ce temps-là, les chips n’existaient pas. Le dessert était souvent composé de gâteaux secs confectionnés par les parents, comme les mantécaos, les roïcos, les gâteaux plats avec de la confiture dessus…L’oncle Etienne nous avait amené dans la barque de pêche avec sa femme, la tante Nenette, Georges le fils surnommé Jojo, Jean Aniel et nous quatre.
La Fonteta : on y allait à pieds. En bas du cimetière, on prenait la route sur la gauche, on passait devant une maison où habitait une vieille femme appelée « la folle ». En suivant la route on arrivait dans un coin plein de verdure, avec au milieu une source : la Fonteta ….un véritable oasis : la verdure, la fraîcheur, je me souviens y avoir trouvé des asperges sauvages, des soucis, des glaïeuls. C’était pour Pâques, certains faisaient voler, leur bilotchas (cerf-volant en espagnol) on mangeait la Mona, que l’on on prononce Mouna.
Santa-Cruz: Oh Santa-Cruz, Pourquoi nous as-tu laissé partir ? …. Comme disent les paroles d’une chanson d’Alain Boulc’h.
Le plateau au-dessus de Santa-Cruz se trouve à 410 mètres de hauteur, c’est là qu’est construit le fort espagnol
La basilique Notre Dame du Salut a été construite à Santa-Cruz, en septembre 1849 pour arrêter le fléau du choléra sur ORAN ; comme il ne pleuvait pas et qu’il faisait très chaud le cholera faisait de nombreux morts à Oran. Le général Pelissier qui commandait ORAN à dit : « Foutez donc une vierge là-haut et elle se chargera de jeter le cholera à la mer ! ». En fait, il y avait quatre statues de Vierge à la basilique :
La première en 1849 Notre Dame du Salut, La deuxième offerte par Courtina en 1852. Toutes les deux sont à l’évêché d’Oran.
La troisième en 1949 pour le centenaire du miracle de la pluie, elle est actuellement à Nîmes
La quatrième en 1874 qui est toujours à Santa-Cruz et domine Oran. Il y a une copie à Fourvière à Lyon
En 1949, il y eu le centenaire du miracle de la pluie. A l’Ascension, on grimpait à pieds cette montagne par des petits chemins ‘(sentiers) de traverse. Il y avait certaines gens qui faisaient des vœux et montaient sur leur genoux jusqu’à la basilique. Nous, on prenait le car de la Sotac, avec madame I. ses enfants Laurette et Jean-Luc, jusqu’en bas la Marine, un peu avant Oran. On montait à pieds jusqu’aux Planteurs Et on grimpait la montagne jusqu’à la basilique. Après la messe, on redescendant en bus.
A mon 1er retour en avril 2005, j’ai fait ces parcours par la route en car, j’ai pu revoir Oran et sa baie du haut de Santa-Cruz. Je ne pense pas avoir eu ce plaisir avant 1962, il ne fallait pas s’écarter de ma mère qui avait peur pour nous de l’altitude. J’ai pu aussi aller à pieds, en peu plus loin que la basilique, sur la route qui mène à Mers-el-Kébir, par la montagne et j’ai découvert la rade de Kébir et mon village. Quelle belle vue….de la là-haut. Je n’ai pas éprouvé le besoin d’aller visiter le fort. Je n’ai aucun souvenir sur lui. Un peu en dessous de la basilique, il y a une grande bâtisse peinte en blanc appelée le Belvédère.
Ce qui m’a frappé à Santa-Cruz, lors de mes retours, ce sont tous ces Algériens qui montent et entrent dans la basilique. Je pense que c’est le fait de son histoire : la stature de la vierge mise à la basilique, elle surplombe Oran et sa rade, la pluie qui est finalement arrivée pour arrêter le cholera….et depuis quelques temps, 500 personnes par mois montent à pieds de la Place d’Armes à Santa-Cruz. Et en mai 2009, ils montent une fois par semaine. Le 1er mai 3541 personnes sont montées.
Quand une partie du cimetière de Tamazouet d’Oran a été rétrécis, dans certains carrés les tombes ont été détruites, les ossements de chaque tombe ont été ramassés et enfermés dans une petite boite en bois avec les références de la tombe, c’est-à-dire le numéro du carré et l’alignement. Puis, ces boites ont été rassemblées dans un reliquaire anonyme construit spécialement. Certaines statues et petits bancs en pierre qui existaient sur ces tombes ont été mises dans la basilique à la demande de l’évêque d’Oran.
La cathédrale d’Oran.
Je me souviens y aller en car avec les religieuses. Dans les sous-sols de la cathédrale, on s’habillait en croisée. Une tunique blanche avec une croix rouge dessus et un serre-tête rouge. Après la messe, on redescendait par des petits escaliers en colimaçon, on se changeait et on revenait au village. En 2007, j’ai eu le plaisir de redescendre par ses escaliers et là, un spectacle féerique : des enfants d 4 crèches exposaient leurs travaux manuels, dansaient habillées de leurs vêtements de fête, jouaient de la musique. Cet endroit était très éclairé et n’avait rien d’un sous-sol. La cathédrale est une bibliothèque maintenant avec un grand silence, plus de chants religieux, plus de pèlerins….une autre vie….
L’église de Mers-el-Kébir
Qu’elle était belle notre église ! L’autel était toujours fleuri, au-dessus il y avait une fresque d’un retour de pêche miraculeuse. Sur le côté de l’autel aux Noëls de là-bas, une grand crèche et cette statue d’ange avec une tirelire ; quand on y mettait une pièce, il hochait la tête pour nous remercier. Les jours de baptême, de mariage, les heures de messes, les cloches sonnaient à toutes volées. Toutes ces magnifiques mélodies jouées à l’harmonium et chantées par le chœur et les fidèles Plus rien de tout cela. En allant pour la 1ère fois à La Ciotat, pour la Saint-Michel en 1999, j’ai retrouvé toute cette ambiance. En 2005, j’y ai retrouvé une mosquée avec pour minaret, le clocher.
Un silence m’est tombé dessus qui m’a glacé jusqu’aux os. Quel contraste l’église de notre village avec celles de France métropolitaine, qui ont été bâties au 15 ° et 16° siècle, om tout est immense, froid, sombre. Le seul plaisir dans les églises de France, ce sont les beaux vitraux.
La promenade au Santon avec ma tante Aline et son mari, l’oncle jean carment, je n’avais pas 7 ans. Elle s’est arrêté un petit peu plus haut que ce bassin rempli de l’eau récupérée des pluies. J’ai voulu sauter d’une hauteur, sur un petit chemin étroit, j’avais vue des coquilles d’escargots, je voulais les ramasser, mais j’ai sauté trop loin, et j’ai dévalé sur quelques mètres et c’est le grillage qui entourait ce bassin qui m’a arrêtée. Ma mère sentant un danger, était en train de regarder la scène dans les jumelles de pépère. Elle ne pouvait pas bouger, mémère était au lit, les minutes qui ont suivies, ont du lui paraître longues jusqu’à notre retour. Moi, je n’avais que quelques égratignures aux jambes et aux bras. Plus de peur que de mal.
La mairie à Mers-el-Kébir : je me souviens avoir été pour une distribution de crayons, cahiers…pour les indigents, à l’occasion d’une rentrée des classes. Sur la grande table, dans la salle des mariages et réunions, il y avait toutes sortes d’ustensiles qui nous étaient distribués par monsieur le Maire Janvier Ferrara. En 2009, la mairie était à la place de cette grande salle de cinéma.
La mairie d’Oran : j’ai eu l’occasion de rentrer dans cette mairie, lors de mon 1er retour. Tout est de marbre à l’intérieur, aucune dégradation. Ce jour-là, le premier ministre du Pakistan avait été reçu. Nous avons bénéficié des restes de cette invitation : il y avait des petits gâteaux de toutes sortes, de la boisson, des roses, des petites serviettes brodées. Cette est accessible par des grandes marches et de chaque côté, 2 lions en bronze. Elle surplombe toute la place d’Armes. Quatre lions ont été faits en 1888 par Cain- 2 sont à la mairie d’Oran, construite en 1886, 2 autres sont à la mairie de Paris, ils ont été faits dans le même moule.
Les soirées dans la cour à l’impasse Fieschi : nous n’avions pas la télévision. Le soir après souper, on prenait le frais. Dans la cour, on s’installait sur des chaises et on discutait entre voisins. Moi, j’en profitais pour confectionner des habits cousus mains à une de mes poupées que j’ai d’ailleurs ramenée dans nos bagages. On tricotait, on brodait des napperons….
Ma nuit à Saint-Hubert chez la tante Aline et l’oncle Jean.
Ils avaient leurs deux enfants Pierre Jean et Philippe. J’étais la marraine de Philippe. Il avait été convenu qu’un soir en sortant du lycée Ali Chekkal à Gambetta, je prenne le bus pour monter jusqu’à Saint-Hubert, en allant vers la Sénia, où habitaient ma tante et mon oncle, et que je dormirais dans la chambre de mes cousins, et, le lendemain matin, je retournerai au lycée depuis Saint-Hubert. Le soir je rentre du lycée, je joue avec mes petits cousins, on soupe et on se couche, mais là un HIC….je n’étais pas chez moi, pas dans mon lit et mes parents me manquaient. De gros sanglots ont fait venir mon oncle qui a été obligé de me ramener assez tard, le soir à mers el Kébir. Arrivés dans l’impasse, tout le monde était couché. Mes parents se sont réveillés en sursaut, ils se demandaient ce qui se passait, ils avaient peur…..c’était les évènements. Plus jamais je n’ai dormi en dehors de chez moi…
A Gambetta chez la tante Angèle :
Son mari était gardien et jardinier de la grande propriété de Vidal et Malega (industrie de bâches) Ma tante était la femme de ménage. Ils logeaient dans une petite maison dans un coin de cette propriété. Pour y aller, on prenait le car de la Sotac, de mers el Kébir à orna, et le bus jusqu’à Gambetta On devait traverser un grand terre-plein, on passait devant la clinique du docteur B.et des fois, pour repartir on prenait à pieds la route de Canastel, qu’on redescendant vers Oran, on passait devant le terrain militaire ;
Ma tante et mon oncle avait 4 enfants ; Jean surnommé Jeannot, Thérèse, Marc et René Roch V.. Dans cette propriété, il y avait un bassin, et Jeannot se baignait. Quand la famille Vidal et Malega n’était pas là, on allait jouer à cache- cache dans les sous-sols de leur maison. Je me souviens, Thérèse était avec nous, elle s’est mariée en 1957, donc ce souvenir remonte avant mes 10 ans. L’après-midi quand on arrivait, nos mamans prenaient le café à la chicorée. Dans le garage, il y avait un vélo d’adulte, je ne savais pas faire du vélo, je m’y suis aventurée, et je me suis cassée la figure, et j’ai déchiré ma robe.
A Bou-Sfer : nous y allions chez un frère de ma grand-mère, un grand-oncle, François Botella. Ce devait être une ancienne ferme : dans un grand hangar, il y avait des silos assez hauts. Presque à terre, on trouvait une petite porte sur chaque silo, il devait y avoir des grains de blé. Dans la cour se situait aussi une grande pièce, assez sombre, tout autour de cette salle, scellées au mur, des planches servaient de bancs. J’ai su beaucoup plus tard que cette salle servait de salle de projections de films. C’est sans doute un 14 juillet sur la place du village, il y avait un bal. Des petits drapeaux étaient tendus en l’air sur toute la place. L’année dernière, au printemps 2011, j’ai retrouvé sur internet, les petits enfants de ce grand oncle. Ils sont de ma génération, légèrement plus jeunes que moi, certains sont encore en activité. Botella Norbert, le fils de Botella Lucien et Botella Gilles, le fils de Botella François, sont les cousins avec qui je corresponds. L’un d’eux fait une « cousinade » avec les enfants de Botella Edmond. Je pense compléter cette partie de branche, de l’arbre généalogique des Botella, que j’ai commencé en mars 2002.
Sortie avec les Religieuses dans une forêt : la foret M’Sila ou le domaine des Gomiz ?
Un car nous déposait à l’entrée d’une forêt. Au début d’une grande allée ombragée on pique niquait ; Un peu plus loin, il y avait un petit cours d’eau. Je me souviens m’être baigné alors que je n’avais pas le droit, j’avais mes règles, donc ce souvenir date après mes 11 ans. Après avoir mangé sur la nappe ou couverture du pique-nique, on faisait une sieste. Sur le côté gauche, en entrant dans cette allée, assez en retrait, il y avait une maison habitée je crois. Sur le site, après avoir expliqué cette sortie avec les religieuses, personne n’a sur me dire où ça se passait exactement : la forte M’Sila ou le domaine Gomiz ? Le saurais-je un jour ?
Sortie avec les religieuses
Sortie avec les religieuses dans une villa vers les plages: le car nous déposait le long de la route des plages, à la hauteur d'une villa, j' ai toujours cru que cette villa appartenait à 2 sœurs qui tenaient un café bar à Mers-el-Kébir. Est-ce exact ?? Contre cette villa, il y avait une pièce aménagée de tables et de bancs. on y mangeait notre repas, sorti du cabassette (sorte de valise en osier), on jouait, mais je n’ai aucun souvenir d’aller se baigner sur les plages avec les religieuses. Le soir, le car nous ramenait au village. J’en ai parlé sur le groupe et là même chose que les sorties précédentes : personne n’a pu situer cette plage, cette villa et qui en était propriétaire. Le saurais-je un jour ?
A Aïn-el-Turck, avec tata Nénette. Je n’ai que le souvenir de tata Nénette, qui venait avec nous en car, à Aïn-el-Turck; elle apportait du vieux linge de son fils Jojo ‘(Georges), on allait à pieds vers le quartier arabe, il y avait tout autour un petit ruisseau, les arabes y lavaient leur linge et le mettaient à sécher par terre sur l’herbe. Elle échangeait son vieux linge contre une poule ou un coq, qu’on ramenait au village.
A Aïn-el-Turck, chez la famille Mas – Scotto di Vettimo, ma tante Emilie (Mas épouse Scotto) était mariée avec mon oncle Aniel, frère de mon père. Ils habitaient chez les parents d’Emilie. Ils avaient deux filles, Claudine et Ghislaine, et leur garçon Henri-Claude. On arrivait en début d’après-midi, le soleil cognait fort. Qu’il faisait bon être dans cette sorte de salle à manger, cuisine en terre battue. Les poules y venaient picorer les miettes qui tombaient. Ma mère et la tante buvaient leur café de chicorée, dans cette pièce sombre mais fraîche. Dehors, il y avait un pigeonnier en haut d’un mur. J’aimais entendre les roucoulements des pigeons, j’aimais cette ambiance. Devant la maison, il y avait une maison et un bassin au fond. En 2009, je me suis retrouvée devant cette maison qui était barricadée d’un grand mur, et il y avait même une construction en plus dans le jardin, je n’ai rien retrouvé. Quand on y allait avent 1962, on jouait aux billes, aux noyaux de pêche. Un jour, j’ai voulu grimper sur un arbre, j’en ai déchiré ma robe. C’est Henri-Claude, mon cousin, qui m’a rapporté ce souvenir. On allait aussi se baigner à la plage. Ma mère m’avait confectionné un maillot de bain en laine. Ça me piquait de partout. La tante faisait des gâteaux pour le goûter, qu’on appelait cigares. Ils étaient bons ses gâteaux. Son frère le plus jeune s’était marié. Nous avons fait la noce au restaurant Beau Séjour. J’ai retrouvé ce restaurant dès mon premier retour en 2005.
La route des plages / à la sortie de Mers el Kébir, pour aller vers la route des plages à la hauteur du Fort, la route formait un grand S, on appelait cet endroit l’escargot.
La vie en dernier à Mers-el-Kébir :
Quelques temps avant l’indépendance, avril mai ou juin 1962, il y a eu une perquisition à Mers el Kébir, les CRS cherchaient des armes. Ils étaient venus d’Oran et avaient stationné avec leur tanks, en bas de chez nous, sur la montée, juste avant l’entrée de la base maritime. Ils avaient pointé le canon de leur tank droit sur nous qui étions dans l’impasse Fieschi, le long du petit mur appelé le Parapet, ça se situait juste au-dessus du magasin Butagaz de Monsieur A. Je me suis souvent posée la question : Auraient-ils osé tirer sur nous su quelques chose s’était passé ? Tel que des mots que nous aurions dit pour les narguer: Algérie Française, ou…..autre chose et j’ai eu longtemps cette image en tête. Ils avaient fouillé dans toutes les maisons de notre impasse, ailleurs peut être aussi….et l’un deux m’a demandé si nous cachions des bazookas …C’est bizarre, ils s’adressaient toujours aux enfants…Bonne stratégie puisque la vérité sort toujours de la bouche des enfants…Tu te souviens Lily? Chez tes parents ils avaient fait pas mal de désordre ?
Pour ce que dit Christine au sujet de Rosette et de ses enfants, elle dit vrai, surtout en ce qui concerne la petite Sylvette qui avait encore son petit bouquet de fleurs dans ses mains, lorsqu’elle a été sauvagement assassinée. Ce qui prouvent bien que ces meurtres se sont bien passés en journée et non le soir ou la nuit comme l’écrit Norbert M. dans son livre, où il dit que les enfants se sauvent dans le stade en pyjama….sur son livre il a voulu faire une histoire romancée, mais nous qui connaissons la vérité, ça passe mal.
La tante Aline et l’oncle Jean !
Avec Pierre Jean ils ont vécu chez nous à l’impasse Fieschi à Mers-el-Kébir. Ils sont revenus en Algérie, après s’être mariés en 1953 à Troyes. Ils ont habité un peu à Oran. Pierre Jean est né en novembre 1956 dans une clinique d’Oran, puis ils ont déménagé et ont habité chez nous. Marie Claire G. avait eu la polio, elle était un peu plus âgée que Pierre Jean, elle marchait et s’était approchée de Pierre Jean, qui était dans sa poussette, pour le câliner, l’embrasser. La tante Aline l’avait disputée très méchamment. Nous vivions, nous 4 et eux 3 dans 2 pièces et 1 petite cuisine, nos meubles de salle à manger étaient suspendus contre les murs de chambre. La salle à manger nous servait de chambre. C’est vers ces moment-là, que le dimanche nous jouions, eux 2 ma mère et moi à la belote, j’avais tout juste 10 ans. Puis ils ont habité à Oran dans une rue qui montait de la place des Victoires. C’était mes premières années au lycée à Oran en 1958-59. Vers chez eux quelqu’un me donnait des cours de math ou de français. Une de ses voisines lui avait volé une chaussure, espérant qu’elle mettrait la deuxième à la poubelle, qu’elle aurait ensuite récupérée…..Puis ils ont habité Saint-Hubert, Philippe est né en 1959. Puis cette fameuse nuit où tonton Jean avait du me ramener à Kébir. Je ne pouvais pas dormir ailleurs que chez moi. Puis ils sont partis à Bordeuax, Cauderan, impasse Laville, où l’oncle Jean, militaire de carrière, à La Sénia, avait été muté. C’est chez eux que nous avons passé 6 mois, à notre arrivée en France, de juillet 1962 à fin Janvier 1963. Nous 4 et eux 4 dans 2 chambres et 1 cuisine. Puis ils ont habité un peu partout en France : à la base de Romilly s/Seine dans plusieurs quartiers à Troyes, à Avon, à Nîmes à Bruges…..les 2 enfants Pierre Jean et Philippe dont je suis la marraine habitent Maurepas dans les Yvelines et leurs parents sont à Bourges. A ce jour 29 décembre 2012, ils sont toujours en vie.
Avant notre départ :
Quelques jours avant, nous avions rempli le grand buffet blanc de la cuisine de pleins de choses, il y avait, je m’en souviens mes livres des prix obtenus en primaire et au secondaire. Certains meubles avaient été chargés sur la camionnette de Monsieur F., le maçon. Il les avait amenés sur les quais d’Oran, à la Marine, pour les faire embarquer…Mais voyant tous ces meubles abandonnés sur les quais. Bien entendu la priorité était aux personnes, il est revenu à Kébir et a tout déchargé chez nous.
Notre départ : Les journées des 9 et 10 juillet 1962
Suite au massacre du 5 juillet à Oran, sans pourvoir être défendu par l’armée française, Monsieur le grand Charlot (Charles De Gaulle) avait donné ordre à Katz, de cantonner ses soldats dans les casernes, avec en prime de ne pas en ouvrir les portes pour nous sauver. Et à l’assassinat de Rosette, de son bébé dans le ventre et de ses 2 enfants au stade la Marsa de Mers-el-Kébir, en mars 1962. Ma mère avait décidé de nous accompagner en France, à Bordeaux, plus précisément à Cauderan (impasse Laville) chez sa sœur Aline mariée à un militaire et rentrée en Métropole en 1961, pour nous mettre à l’abri, et pour que nous puissions, ma sœur et moi, continuer notre scolarité. Étant en 3è, j’avais dû arrêter en février 1962, d’aller au lycée Ali Chekkal à Oran Gambetta, qui était occupé par messieurs les gardes mobiles. Nous avions eu pendant quelques jours un lycée de remplacement dans une rue transversale à la rue des Arcades, au niveau de la place des Victoires. Lors d’un cours de….nous avions entendu des rafales de mitraillettes. Pour nous protéger, le professeur nous avait fait nous cacher sous la table. En plus de cela, en arrivant à la Sotac à Oran, pour prendre le car et rentrer à Mers-el-Kébir, aucun car, une grève….Comment faire….mes larmes sont montées, j’ai essayé de remonter la rue du lycée Lamoricière, vers la rue de LA Bastille, une camarade de classe y habitait. Mais où ??? Ne la voyant pas, j’ai décidé, à l’arrêt de la Sotac, de faire du stop. J’étais osée à cette époque, et avec tout ce qui se passait….Heureusement une 2CV s’est arrêté, c’était un monsieur de Kébir, je l’ai reconnu, je suis montée. Ouf, arrivée…je ne pense pas avoir repris le car et être retournée au lycée. Donc arrivées en Métropole, elle nous aurait laissé à Bordeaux et serait revenue à Kébir. Mais tout a basculé, mon père a dit : si tu pars, je pars avec vous. Et nous avons eu les billets pour embarquer le 9 juillet 1962, sur le Président Kazalet. En rentrant en France métropolitaine nous avons été remboursés de ces billets. Si mes souvenirs sont bons, 4 billets pour 800 francs, 80 nouveaux francs, et maintenant ce sont des euros….A 5 heures du matin, nous sommes partis tous les 4, dans la camionnette de monsieur F.. Nous avons attendu 8 heures du matin devant les grilles. Nous Avons été transbahutés toute la journée d’un quai à l’autre, dans des camions militaires. Il y avait beaucoup de gens qui attendant le droit d’embarquer…Certains campaient dans leur voiture…Des bébés, des personnes âgées sous ce soleil qui a frisé les 50° en plein midi. Mon père a fait toutes ces navettes, avec sur ses épaules un matelas de 2 places, plié en 3 et attaché avec une ficelle. Il avait 2 chapeaux de paille sur sa tête. Il aurait pu les vendre plusieurs fois…
Ma mère avait confectionné des baluchons avec des anses, dans des vieux draps. Nous les avions remplis de linge. Nous avions avec nous nos cartables remplis de cahiers et de livres. Ma mère achetait mes livres de lycée à la librairie Laurent Fouques à Oran, ou elle les échangeait sur la Place des Victoires, en allant sur Gambetta. Pour que nos bagages et ceux de Madame Garcia, mis pêle-mêle sur le quai soit mis dans ce grand filet via la cale du bateau, et que les cartables ouverts qui se vidaient de leur contenu soit refermés, ma mère avait donné 5 francs à un docker Algérien. Il s’est fait traiter de tous les noms, par un autre, qui n’avait pas eu cette chance…..d’avoir un pourboire. Nous avons embarqués assez tard dans la matinée. A 20 heures, le bateau a quitté les quais. Et, et ça, c’est une image qui est gravée à jamais dans ma tête, je me suis mise face à Santa-Cruz, Oran, Les falaises de Gambetta, et je me suis dit : Et dire que je ne reverrai plus jamais ça …..la Montagne des Lions, CanastelL, Kristel …..plus de côtes en vue, derrière nous la pleine mer…..Vers le soir, des poissons argentés nous suivaient dans l’eau…On avait été cherché des chaises longues qui ont servies de chaises et de lit. Moi j’étais souvent dans la cale, près des toilettes, j’avais le mal de mer. Puis les côtes espagnoles, les iles Baléares, les côtes françaises en vue. Nous avons débarqué à Port-Vendres dans la soirée du 10 juillet 1962. Nous avons pris le train jusqu’à Toulouse. A la gare, on nous a servi un chocolat chaud. puis nous avons pris le train pour Bordeaux , gare st jean et nous sommes arrivés le lendemain matin le 11 juillet 1962. une religieuse de la croix rouge nous a amené à Cauderan, dans sa 2 CV, 3 adultes, ma sœur 13 ans et moi 15 ans, plus le peu de bagages que nous avions avec nous. Nous avons récupéré le reste et le matelas 8 jours après en gare de Bordeaux, avec en prime notre matelas de 2 places que mon père avait trimbalé sur ses épaules, plié en 3 et attaché, je ne me souviens pas qu' on ai écrit nos nom et adresses sur tout notre barda. Ce sont des petits détails insignifiants, mais qui comptent beaucoup pour moi qui écris mes mémoires en détails pour bien expliquer à mes petits enfants qui les liront dans bien des années... notre situation à ces moments là
Puis, puis toutes les nuits ce rêve : de la rade de Mers-el-Kébir, avec une gorge serrée, il ne fallait pas que je craque, nous dormions tous les 4 dans une même petite chambre, celle de mes 2 petits cousins Pierre Jean 4, 5 ans et Philippe 2.3 ans, les enfants de ma tante Aline, sœur plus jeune de ma mère et de mon oncle Jean Carment, son mari.
C’est une phrase de Jeannot P., dite à Santa-Cruz lors de notre premier retour en 2005. Je le cite parce qu’elle correspondait bien à ce que j’avais vécu : Je me couchais, je me levais, et je vivais avec Mers-el-Kébir…..Ce rêve je l’ai réalisé en 2005, en y retournant, en filmant et en voyant de mes propres yeux cette belle rade…Je revois chaque année tout ceci à l’approche du mois de juillet….Et 9 ans après, jour pour jour, je me suis mariée le 9 juillet 1971 à la marie de Troyes et le 10 juillet à l’église de Saint Martin à Troyes.
1er novembre 1954 au 9 juillet 1962
C’est le 1er novembre 1954 que les événements ont commencé en Algérie. Ces 8 ans de guerre, jusqu’à l’indépendance du 1er juillet 1962, se sont toujours appelés « les évènements », les attentats, les fusillades…Tout ceci se passait partout sauf à Mers-el-Kébir, le village où je suis née et où j’ai habité jusqu’au 9 juillet 1962. Mers-el-Kébir était une base atomique, la montagne du Murdjadjo était un véritable lieu de sécurité avec des bâtiments, des pompiers… les sous-marins pouvaient y accéder par la mer. Un peu plus loin après le fort de Mers-el-Kébir, en allant vers les plages.
Nous habitions face à l’entrée de la base maritime il y avait les bâtiments de l’Arsenal, le restaurant pour ceux qui y travaillaient. Ma mère a travaillé dans ce restaurant Mais un jour de mars 1962, Rosette, sa petite fille son fils et le bébé qu’elle portait ont été sauvagement assassinés chez eux, au stade la Marsa à Mers-el-Kébir. C’est à partir de là que nous ne nous sommes plus sentis en sécurité dans notre village. Puis il y a le 5 juillet 1962 à Oran : massacres et enlèvements, otages internés dans des camps des européens …C’est là que nous avons décidé de partir, de rentrer en France métropolitaine.
Le départ des Pieds Noirs depuis la base maritime de Mers-el-Kébir
Entre mars et juin 1962, beaucoup de Pieds Noirs d’Oran et des alentours prenaient le bateau à la base maritime de Mers-el-Kébir. L’entré était juste en bas de chez nous. Les gens venaient le matin, de très bonne heure et faisaient la queue devant l’entrée de la base, tout le long des promenades. Certains venaient le soir, demander à la population de les loger la nuit pour être partis très tôt le lendemain matin. Une camarade du lycée, Francine Penmatan était venue me voir un soir pour me demander de l’héberger la nuit. Elle avait demandé où j’habitais et on lui avait indiqué. Comme j’avais été piquée à la lèvre par une araignée, j’avais la lèvre toute gonflée et elle avait eu du mal à me reconnaître. Comme nous vivions très à l’étroit et que notre souper était très maigre, je lui ai dit que nous ne pouvions pas. J’avais un sentiment de honte sur notre pauvreté. J’ai su, je ne sais comment, qu’elle avait été nourrie et logée par les religieuses, elle qui était de confession juive. Je m’en suis souvent voulu de ce refus. On aurait pu partager, mais j’ai eu honte. Quand je regarde à la télé l’émission Pékin Express, je me dis que ce sont les plus pauvres, les plus miséreux qui donnent le peu qu’ils ont aux candidats, et je m’en veux de lui avoir dit non. On aurait pu faire pareil…mais c’est ce sentiment de honte qui m’a fait réagir ainsi. Certains Kébiriens hébergeaient leur famille ou leurs amis, quelques jours avant d’avoir une place dans un bateau cargo ou militaire. Certains prenaient le bateau aux pieds du fort de Mers-el-Kébir, là c’étaient des bateaux militaires ; Nous avons eu nos billets pour embarquer sur le Président Kazalet LE 9 juillet 1962. C’est Bruno P., le mari de la cousine Yvette qui avait pu les avoir, il travaillait à Oran. Ma mère a été remboursée 8000 francs à l’époque, si mes souvenirs sont bons 8000 francs = 80 nouveaux francs pour les 4 billets ;
Notre départ, cette cassure qui m’a tant fait mal
L’Algérie a été Française de 1830 à 1962. Elle est devenue indépendante et Algérienne le 1er juillet 1962, après 7 ans de guerre, du 1er novembre 1954 au 30 juin 1962. L’Algérie a été donnée AU FLN (front de libération national) par le général Charles de Gaulle. Suite au massacre en février ou mars 1962 de Rosette, de ses 2 enfants et de son bébé encore dans son ventre, à Mers-el-Kébir, et à la tuerie et la mise dans des camps de nombreux Pieds Noirs à Oran le 5 juillet 1962, sans que l’armée française ne bouge, ordre avait été donné suite aux accords d’Evian de ce fameux 19 mars 1962, ma mère a décidé qu’elle nous mettrait à l’abri chez sa sœur Aline qui était rentrée en France à Bordeaux, l’année précédente. Son mari étant militaire, il avait demandé sa mutation en France métropolitaine. Mon père a dit, si vous partez, je pars avec vous et nous avons embarqué, après toute une journée transbahutés de quai en quai, dans des camions militaires, ma sœur, moi et ma mère avec nos cartables, des baluchons cousus à la hâte, et remplis de linge et mon père transportant leur matelas de 2 places sur son dos, du matin de très bonne heure jusqu’au soir 20 heures sous un soleil de plomb qui frisait les 50°. Nous avons donné à un docker algérien 5 francs pour qu’il mette tous nos bagages dans ce grand filet qui faisait la navette du quai à la cale (soute) du bateau. A un moment donné, ma mère s’est aperçue que nos cartables étaient ouverts, elle s’est précipitée pour les faire refermer.
Quelques jours avant notre départ, nous avions rempli le grand buffet de la cuisine avec beaucoup de choses, il y avait je m’en souviens mes livres (prix du lycée= Certains autres meubles avaient été mis sur une camionnette, celle de Monsieur F.(le maçon) qui les avait amené à la Marine à Oran, pour les faire embarquer, mais voyant tous ces meubles abandonnés sur les quais… la priorité était aux personnes, il est revenu et a tout déchargé chez nous. Sur le pont du bateau nous avons été cherché des chaises longues pour faire la traversée (24 heures de traversée) la mer était calme mais j’avais le mal de mer et j’ai passé un bon moment dans la cale près des toilettes. Ma mère m’avait confiée à une personne qui me surveillait. Je ne me souviens plus très bien, mais on nous a donné à manger. Quand le bateau est parti, avant de quitter la rade d’Oran, je me mise face à Santa-Cruz et Oran , et je me suis dit ! « Et dire que je ne reverrai plus jamais ça : Santa-Cruz, Oran , les falaises de Gambetta. Le bateau est sorti de la rade, on ne voyait plus l’horloge des quais d’Oran. On a passé la Montagne des Lions, Canastel, Kristel, plus de terres d’Algérie en vue, la mer…. La Méditerranée …. Les îles Baléares , les côtes espagnoles, la France, Port-Vendres …Débarquement le soir…..
Débarquement le soir, vers 20 heures. Vers 22 heures, on a pris un train jusqu’à Toulouse. A la gare, on nous a donné je crois un chocolat chaud, nous avons changé de train, via Bordeaux. Le lendemain matin nous sommes arrivés en gare de Bordeaux. Une religieuse nous a amené à Cauderan, tous les 4 plus elle dans sa 2 CV. Nous sommes partis d’Oran le 9 juillet 1962, un lundi, nous sommes arrivés en France le 10 juillet 1962. Je me suis mariée le 9 juillet 1971 à l’Hôtel de Ville de Troyes et le 10 07 1971 à l’église de St-Martin à Troyes. 9 ans après, jour pour jour. Arrivés à Bordeaux, nous n’avions presque pas de bagages, nous les avons récupérés une semaine après en gare de Bordeaux. Ma mère m’avait acheté un pull et une veste de marque Rodier, et une jupe serrée grise. Nous avons vécu six mois à Bordeaux. Nous étions quatre adultes les deux enfants de ma tante, moi 15 ans et ma sœur 13 dans 3 pièces. Nous avons continué notre scolarité. Au lycée en 3ème, je retrouvais des cours du début de ma 4ème faite au lycée Ali Chekkal à Oran. Les programmes étaient plus faibles en France. Mon père travaillait sur les quais de Bordeaux, sur des grues. Il était même parti en déplacement pour son travail. Quel changement pour lui ! Lui qui était pêcheur et travaillait avec ses frères. A Bordeaux, ma mère cherchait du travail et de quoi se loger. Quand on disait aux Bordelais d’où on venait, leur regard changeait et leurs portes se refermaient. Nous n’étions pas les bienvenus en France. On venait leur prendre leur travail, leur logement, et pourtant dans ces temps-là en 1962, il y avait du boulot et des maisons vides.
Nous étions précisément à Cauderan, un couple habitait à côté, lui devait être entrepreneur de plomberie, il employait un jeune. En le voyant, j’ai cru reconnaître un jeune qui était dans sur le bateau et qui m’avait fait vibrer, rien qu’en le voyant. Mais ce n’était pas lui…
A Bordeaux, nous avons été nous inscrire aux services des rapatriés. Nos billets de la traversée ont été remboursés, et nous avons eu dans les 300 000,- anciens francs pour nous réinstaller ; cela nous a permis de nous habiller chaudement et de prendre le train pour Troyes chez Lydie, la sœur de ma mère, qui était en France depuis 1945. Étant mariée à un marin métropolitain, elle vivait avec son mari et leurs deux filles Nicole 16 ans et Géraldine 8 ans à Troyes St-Martin. Comme à Bordeaux, on ne trouvait ni travail, ni logement, nous avons l’idée dans un premier temps de monter à Blois où la tante Fina (Joséphine) la sœur de mon père vivait avec sa petite famille dans des HLM. Puis nous avons eu l’occasion de verser 50 000, anciens francs à un entrepreneur de Lyon ? Qui devait construire des logements, mais ce projet est tombé à l’eau, et, nous avons eu la chance d’être remboursé. Vu tous ses échecs, la tante Lydie nous a dit de venir chez eux à Troyes. Il y avait beaucoup de travail dans la bonneterie Petit Bateau Valton, où elle travaillait. C’était le 22 ou 23 janvier 1963, il faisait très froid à Troyes. Là aussi, nous avons vécu pendant plusieurs mois à 8 dans un F.3 = 2 chambres, salle à manger, cuisine.
Tous les soirs, mes parents ouvraient un fauteuil dans la salle à manger et nous, nous mettions des matelas par terre et nous dormions avec nos 2 cousines. J’allais au lycée Marie de Champagne à Saint Martin. L’hiver 1963 a été très froid, ceux qui ont suivis aussi. – 20° alors que nous avions jusqu’à + 50° 6 mois avant à Kébir. Nous avions des petites bottes très fines et non fourrées, pour aller au travail on mettait des journaux dans nos bottes et sur la poitrine. Le papier journal isole du froid. Moi, je dormais toujours mal, je rêvais de Mers-el-Kébir et chose curieuse dans mes rêves, je voulais toujours filmer la Montagne des Lions, Oran….mais la caméra me manquait. J’ai réalisé ce rêve dès mon 1er retour en2005 et filmant et photographiant à satiété. A Troyes, en février 1963, un soir m’avait encore acheté des livres pour aller au lycée le lendemain matin, ils n’ont pas servis. Dès le lendemain, je faisais un essai chez Valton, le surlendemain, j’étais embauchée à l’usine dans les slips de 2 ans à extra grand patron. Je faisais des points d’arrêt aux ceintures élastiques. Je coupais le 1er morceau, je refaisais un point d’arrêt et je recoupais le 2ème morceau avec des ciseaux. J’avais les doigts pleins de durillons. J’étais payée comme tout le monde : aux nombres de pièces fournies à la journée ; plus exactement en lot composé en dizaines. Nous avons travaillé tous les 4 chez Valton. Ma sœur mettait les ceintures sur les slips, ma mère travaillait dans la bouclette, tissus utilisé pour faire les pyjamas, les gigoteuses des enfants. Mon père était à la teinture. Nous faisions 10 heures par jour et 6 h et demi le samedi matin= 56 h et demi où sont les 35 heures maintenant ??? On était heureux, on gagnait de l’argent pour se meubler petit à petit, rien à crédit.
Mai 1968 est arrivé. Nous avions besoin d’argent. On travaillait alors que d’autres faisaient la grève. Quand on passait devant les délégués (piquets de grève= pour aller à votre poste, si leurs yeux avaient pu nous mitrailler, ils l’auraient fait). En 1965, j’ai eu mon permis de conduire. Entre temps, après avoir vécu dans une pièce cuisine+ chambre à St-Martin, puis dans une cuisine et 2 chambres à la rue Claude Huez à Troyes, face au poste de police, derrière l’hôtel de ville. Là on était bien, au milieu de la ville. Nous étions au 1er étage. En dessous, habitait une gentille dame surnommée Zozo. J’ai eu un Solex pour me rendre à l’usine, avant mes 18 ans. Mes parents prenaient le car. Puis nous avons eu un F.3 aux Chartreux au 3ème étage d’un bâtiment tout neuf, avec une crèche au-dessus au 12è. Quand j’étais dans ce bâtiment, la porte fermée du logement, j’avais un sentiment de sécurité. Au 3ème étage, on ne pouvait pas rentrer chez nous. Amalgame avec l’insécurité en Algérie plusieurs années encore après.
Avec ma 1ère voiture, une AMG Citroën en 1965, on a été tous les 4 voir ma tante Colette et sa petite famille à Guérigny près de Nevers. Cela faisait 3 ans que ma mère n’avait pas revu sa sœur, alors qu’à Kébir, on se voyait très très souvent. Puis un peu plus à l’aise pour conduire nous avons été en vacances….
Puis un peu plus à l’aise pour conduire, nous avons été en vacances l’année suivante, jusqu’à Bordeaux chez la tante ALINE qui avait déménagé entre temps, et, habitait Talence ou Pessac? Dans un HLM. Notre séjour a été écourté par le tremblement de terre en 1966, du Sud-Ouest de la France. A Oloron Ste Marie, une dame âgée avait péri. Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés vers Perigueux, un grand-père buvait sa soupe pour le petit déjeuner…..les années suivants nous sommes descendus à Martigues, La Seyne sur Mer, Menton, mes parents revoyaient la famille, ils étaient heureux…Nous avons même campé avec la tante Lydie, près de Saint-Tropez. Nous nous sommes retrouvés sur la plage des nudistes, et le comble était que nous étions les plus gênés. L’Espagne, Tarragone. J’ai revu Port-Vendres , sans émotion particulière.
Puis en 1969, j’ai eu la chance, si on peut appeler ça une chance, car je me retrouve seule à 60 Km de mes parents et de l’ambiance de l’usine, je me sentais délaissée par les responsables de l’usine. J’ai eu un poste de contremaîtresse dans un atelier, appelé atelier extérieur (à l’usine mère de Troyes) j’avais 50 femmes et 1 homme à diriger, il fallait que je me débrouille seule, loin de tous. J’ai été choisie parce que j’étais célibataire, jeune, je savais et voulais travailler j’avais mon permis de conduire, une voiture, la personne rêvée pour eux. Avant on ne se déplaçait pas facilement pour travailler, et beaucoup d’employées étaient mariées avec des enfants, une maison à finir de payer et moi j’étais libre.
Je logeais et j’étais nourrie au restaurant de la Gare à Villenauxe. Je faisais le chemin à pieds pour me rendre à l’usine et j’étais klaxonnée par une 404, conduite par un garçon, je n’étais pas fière, loin de là, mais je n’aimais pas qu’on me klaxonne, et en plus il roulait à coté de moi. Et, il y a eu un rendez-vous, une sortie au cinéma de Sézanne, puis le petit chemin du parc à moutons de Denis Doyen. Après l’effort, le réconfort, on mangeait un mars et me ramenait finir ma nuit à l’hôtel. Tous les week-ends, je rentrais chez mes parents à Troyes, puis ce fut le week-end chez Poulot, son frère, dans la banquette. Poulot habitait Troyes, et quand il venait avec Sylvie sa femme à Villenauxe chez sa maman, on allait dormir chez eux. Une présence poussait dans mon ventre, nous nous sommes connus très peu de temps avant la St-valentin 1971. Le 9 et 10 juillet 1971, nous nous sommes mariés. Le 9 à la mairie de Troyes, la tante Lydie et Poulot étaient nos témoins, le 10 à l’église de St-Martin, quartier de Troyes où nous avons vécu dès 1963, en arrivant de Bordeaux. Nous avons fait le repas de noce au restaurant de la gare à Villenauxe, Clotaire y était né en 1949, en 1971, nous nous sommes connus là, il venait boire un café, je le voyais pas, je mangeais dans la petite salle à côté du bar, mais le son de sa voix m’avait plu un premier temps, puis il me plait de dire :il est né là, nous nous sommes connus là, nous nous sommes mariés là, de temps en temps, il m’invitait au restaurant. Mais vu que ce restaurant est fermé depuis quelque temps, je crois que ça s’arrêtera là.
Naissances :
Le 5 février 1972, l’accouchement provoqué par le docteur L.de Nogent, la date étant dépassée, il a provoqué par des piqûres, elle s’est engagée, le cordon 2 fois autour du cou, elle s’est étranglée….notre petite Sophie est présentement morte le 5 février 1972. J’avais été endormie avec le masque ; au réveil, elle était posée non loin de moi, brune avec beaucoup de cheveux et j’ai eu cette réflexion en la regardant : comme ma belle-mère….la maman de Clotaire était décédée le 5 janvier 1972, elle n’avait pas 50 ans….Une femme d’une gentillesse….Je l’ai trop peu connue, mais j’appréciais sa simplicité et son grand cœur. A notre mariage, comme de coutume de cette époque, elle avait acheté des brioches qu’elle avait distribuées à tous ses voisins.
De retour à la maison, rue Bécheret à Villenauxe, un grand vide, un logement très humide, sans soleil. Puis, nous avons habité les HLM, c’était plus gai, nous étions entourés de plusieurs voisins.
Clotaire était maçon chez Monsieur Michel D., nous avons donc fait construire au 6, rue de la Gatillat sur le terrain des beaux parents, hérité tout en achetant les parts des frères et sœur. En plus de son travail la semaine, il y travaillait tous les week-ends. Avril 1974, nous avons déménagé et il l’a finie petit à petit.
1976, l’année de la sécheresse. Florian est né le 24 juillet 1976 à une heure du matin. Un lion, à la clinique du Parc à Nogent. Le bébé arrivait ; il fallait que j’attende que le médecin de Nogent, Monsieur H. arrive, il était en vélo…moi, je ne voulais pas qu’il s’étouffe au passage. Finalement, il avait lui aussi 1 fois le cordon autour du cou, et il a reçu une claque sur les fesses, comme pour moi lors de ma naissance.
Florian a été en nourrice, car je travaillais : c’était Colette K. qui le gardait. Elle habitait au 2 rue Gatillat, puis plus tard dans la rue du Perrey. Florian a été à l’école maternelle dès ses 2 ans : c’est en allant à l’école, qu’il a été propre. Je fournissais tous ses repas et goûters que je confectionnais avec la machine Sorveck, et les yaourts faits maison. Je payais 20 francs par jours. A 5 ans, il a appris à faire du vélo à 2 roues. A 6 ans, il descendait à l’école primaire des garçons, en vélo. Il remontait le midi et pareil l’après-midi. Florian a été un enfant trop protégé ; nous avons décidé de le laisser un peu se débrouiller seul. Le mercredi, il cueillait les fraises et les haricots verts. Il allait jouer avec Alain B. et Sandrine C. et Laurent D.. Un jour, il a glissé dans le RU, dans la rue de LETTE. Il est revenu avec une coupure sur la poitrine. Ce n’était pas de l’imprudence de sa part, mais il avait glissé. Ce n’était pas facile pour moi qui me faisais du souci, mais je préférais quand ils venaient jouer chez nous ; je pouvais le voir. Ils étaient tous les 4 calmes, jamais d’embrouille….En fin de primaire, il a eu 2 ans Mr. G. Puis le collège à Nogent ; Il n’était pas fort en orthographe, quand il a su écrire leçon en français, il devait écrire Lesson en anglais, il ne comprenait pas, ça a été toujours dur pour lui. En math, il se débrouillait pas mal. Puis le lycée à Sézanne, où il apprenait l’électricité. Tant qu’il a été en électricité générale, ça lui plaisait, dès qu’il a appris l’électricité des machines industrielles, il a arrêté. Il avait 16 ans, il a voulu travailler. Il a travaillé avec son père et son oncle comme patrons, dans la maçonnerie. Puis il a devancé l’appel du service militaire qu’il a effectué à Sourdun. La vie militaire, ça fait du bien en tout ; c’est là qu’il a connu son copain Mickael M.
A 8 ans, Florian avait eu une petite moto que Clotaire avait acheté à un forain, à la fin de la fête de Pâques à Villenauxe, 800,- francs. Pour ses 14 ans, la moto était plus grosse, puis il a eu une plus forte la 500 GSE Suzuki. En 1984, au centenaire du train, il a fait son baptême en ULM. Le départ était sur la place du château à Villenauxe. Il était seul, sans nous, mais avec le pilote. Nous avions peur, lui non. Plus tard, à la fête à Dival, il a fait son baptême en hélicoptère. Quand, il sortait le soir avec ou sans Mickael, je mettais ses chaussons en bas des marches des escaliers du sous-sol, et, à chaque fois que je me levais dans la nuit, je voyais du haut, si il était rentré ou pas. Je me suis toujours inquiétée…..normal !
Florian a eu aussi la moto de Mickael une Kawasaki Goozza. Et un jour, ils avaient décidé de faire une partie de pêche en barque sur la Seine. Je devais préparer 4 couverts et pourquoi 4 ? Mickael, Marie Neige et Florian, ça faisait 3. A leur retour, dans l’après-midi, ils étaient 3 et une belle fille avec une chevelure rousse. C’est à ce moment que j’ai pensé à ma poupée aux cheveux roux que j’avais eu petite lors s’un Noel de là-bas. Etait-ce un signe du destin ??? Isaline m’a été présentée, je ne sais laquelle de nous 2, était la plus gênée. …pour elle c’était sans doute un sentiment de peur, de rentrer dans notre vie, peur de connaitre notre réaction de savoir si elle allait être acceptée, mais je pensais plus à Florian qui avait connu une fille Isabelle, qui faisait de la moto, et, avec qui ça n’avait pas marché. Pour ne pas qu’il se morfonde, je lui avais dit : ne fais pas de bêtises, une de perdue, 10 de retrouvées, mais il n’en a pas fallu tant.
Isaline était là. C’était le 12 août 2000. Puis Eric est né le 1er avril 2004 ; ils logeaient dans un petit appartement à côté de chez le grand père René, de Mickael. Puis leur maison à Baby, Marc est arrivé le 8 mai 2007. Nous avons pendu la crémaillère en août 2007. Il y avait Nicole et Dany P.. Eric est rentré en maternelle à Villenauxe, la petite. En septembre 2010, il est rentré en primaire et Marc en maternelle. Florian ne juge pas nécessaire de concrétiser la situation. Isaline espère porter son nom, de celui qu’elle aime, le père de ses enfants, c’est son rêve, son idéal…
A quand le prochain épisode ??? Sans forcer le destin…..
Mes 50 ans fêtés en août 1997, petite fête semblable aux 20 ans de Florian, faite un an avant. J’ai fait un récapitulatif de ma vie en photos et en dessins, qui montraient mon pays de naissance jusqu’à mes 15 ans, ma traversée de la mer Méditerranée , en bateau, l’arrivée à Port-Vendres, Bordeaux, Troyes, ma rencontre avec Clotaire et les 2 naissances Sophie 1972 et Florian 1976
Les 50 ans de Clotaire fêtés aussi en août 1999. Même fête mais cette fois, nous étions 85 à table midi et soir. Une partie de la famille du Midi, du côté de mon père était là. Nous les avons tous couché 2 ou 3 nuits chez nous, chez Laurette et chez la famille Colin. Ils étaient douze, nous avons chanté « La Marseillaise » « Les Africains » ils ont dansé. La tante Annette et l’oncle Vincent, mon parrain formaient un couple en dansant dont j’ai gardé une bonne image ; ils étaient gais, ils chantaient des chansons d’avant, merveilleux souvenirs !
Les 60 ans, surprise de Clotaire en avril 2009. J’étais partie sur une idée : celle que tous les invités auraient été dans le sous-sol, les voitures auraient été garées chez Christian, et quand Clotaire, revenant de travailler de chez Florian, il aurait ouvert la porte du sous-sol, la grande surprise de voir ça et d’entendre « Bon Anniversaire » ….en cœur, mais il a fallu que je change : c’était le week-end avant la fête à Dival. Christian montait la rotonde, Clotaire pouvait très bien passer sur la place de Dival ; voir son frère et de là devant chez lui voir toutes les voitures…
Il avait donc travaillé chez Florian une partie de la semaine et Florian, de connivence avec moi, lui avait demandé de l’aider le samedi toute la journée, chose inhabituelle. Il était donc parti le matin, ma sœur était venue le matin, assez de bonne heure, mais après qu’il soit parti. Elle apportait tous les légumes nettoyés et coupés en petits morceaux pour faire un couscous, la viande était chez Laurette, ainsi que les desserts que j’avais pu préparer. Max est monté nous aider, ainsi que Laurette, à retirer le bateau et à le mettre à l’abri vers le poulailler. Nous avons préparé et décoré les tables pour l’apéritif. Le thème était basé sur la chasse, avec des petits animaux que je possédais et des playmobils d’Eric et Marc, sur la chasse, tel le 4X4 des chasseurs, des sangliers, des chevreuils et la nature. Il ne manquait plus que mettre une bâche pour boucher l’avancée sur le côté de la maison ; c’est Clotaire qui a fait le nécessaire en rentrant. Nous avons dressé les tables à l’intérieur. A midi, le couscous était cuit. En fin d’après-midi, le 4x4 descend dans la cour, ma sœur et moi, on s’installe et nous sommes prêtes pour filmer son entrée dans le sous-sol. Il l’ouvre et on lui crie « Bon Anniversaire » waouh…quelle surprise de voir tout installé et il n’est pas au courant. Son réflexe est de demander qui j’avais invité et qu’est-ce que j’avais fait à manger, et là, je lui ai dit : ce sera la surprise du dernier moment.
J’avais préparé en photos les étapes de sa vie en les commentant. Isaline avait rajouté un petit mot, Nicole et Dany avaient fait une carte des questions réponses et tout tourné sur ses 60 ans de générosité….
Les 30 ans surpris d’Isaline en novembre 2010 : avec la complicité de Florian, j’ai eu les adresses internet de ses copines d’enfance et d’adolescente. Je les ai contactées. Elles étaient toutes d’accord pour venir en couple et certaines avec leurs enfants. Emilie (du bout) de la rue où habitent Isaline et Florian est venue avec ses 2 garçons Jules, Louis qui était bébé.
Ce samedi-là, nous étions invités le soir, tous les 7 à la salle des fêtes d’un petit village, pour les 20 ans de Dylan et les 25 ans de Maeva. On a fait croire à Isaline avec la complicité de Maeva et Dylan, en marquant sur la carte d’invitation que cela se passait le midi. Isaline, Florian Eric et Marc, sont donc arrivés chez nous, pour se rendre tous ensemble à cette invitation. Mais en arrivant les tables étaient mises dans le sous-sol avec tout ce qu’il fallait pour un accueil d’anniversaire. Là Isaline a commencé à se poser des questions, mais quand elle a su waouh….la surprise ! Ses parents, son frère, sa tante, son oncle et même sa cousine de Dijon avec son mari et les 2 garçons. Au fur et à mesure, Isaline découvrait les invités. Ce qui l’a émerveillée, c’est la présence de sa cousine. Une amie, une autre, puis encore une autre…ça bouillait de plus en plus. Celle qui l’a le plus marquée, c’est sa copine Mylène, avec qui il y avait eu un froid, et aucune des deux ne savait comment faire pour refaire des liens ; Mylène est pompier. Elle est venue avec son petit garçon, son mari n’est pas venue, étant pompier et d’astreinte. Sa sœur de lait n’a pas pu venir, ainsi qu’une autre qui habitait ou était en déplacement dans le Midi.
Puis en fin d’après-midi, nous avons rangé un peu, tout le monde est reparti et nous avons été aux anniversaires des 2 petits neveux.
Les 20 ans à Florian ont été fêtés en août 1996. Mes parents étaient encore là, mais ma mère commençait à tout confondre, mélanger, oublier. Mais elle pu faire partie de cette petite fête, mon père aussi. Nous étions une bonne soixantaine à table, midi et soir. Mickael M., copain de Florian était là, avec sa première copine Aurélia, qui habitait Léchelle. Ils ont dormi dans le canapé de la salle à manger. Avec les cadeaux, j’avais fait à Florian, un récapitulatif (comme à mon habitude) de ses 20 années, et je lui avais marqué : surtout profite bien de tes 20 ans, car ça passe vite…
Je pense qu’il s’en rappelle encore, car de temps en temps, je lui ressors cette phrase, en lui disant : tu te rappelles de……
Le départ de mes parents :
Mon père le 31 octobre 1998 :
C’était un samedi : ma sœur était venue passer le week-end chez nous, après avoir rendu visite à notre père qui faisait un petit séjour à l’hôpital de Troyes, pour un control. Elle en profitait pour aller voir notre mère, qui était à la maison de retraite de Villenauxe ; notre mère était atteinte de la maladie et ne pouvait plus rester sans surveillance à la maison. Ma sœur travaillait encore à l’usine Valton à Troyes. Moi, j’allais voir notre mère en semaine, et en compagnie de ma sœur et mon père le week-end. En allant donner à manger aux lapins et aux poules que nous élevions, je reçois un coup de téléphone de l’hôpital, me disant que mon père s’était éteint d’un coup dans son fauteuil. Son cœur s’est arrêté, il est parti sans souffrir. Avant que l’on referme le cercueil, j’ai vu mon père ; c’était la première fois que je voyais une personne décédée. Je n’ai pas vu mes grands-parents ; ma mère croyant me protéger de cette vision, m’avait interdit de les voir morts. Je n’en ai jamais fait le deuil.
Pour mon père, en le voyant sans vie, j’ai pu lui dire adieu et ma dernière vision de lui est : que l’ai vu serein avec un visage très reposé. Ma mère n’a pas assisté au deuil de son mari, sa maladie d’Alzheimer était trop avancée. Quand on allait la voir, ne voyant pas mon père, elle nous avait demandé où il était. Pour le les funérailles une partie de la famille est montée. Ils en avaient profité pour rendre visite à ma mère à la maison de retraite. Ma mère a reconnu quelques membres de la famille ; elle leur parlait, elle souriait. A-t-elle eu des souvenirs à ce moment-là, ça ???
Le départ de ma mère : le 8 avril 1999, 5 mois après mon père.
Elle avait fait une chute, le col du fémur s’étant cassé, elle est tombée. Un séjour à l’hôpital de provins : la aucune sélection due à sa maladie, elle était parmi d’autres malades. Il fallait lui attacher ses mains, elle aurait débranché ses tuyaux. Et le 8 avril, elle s’éteignait, elle, si forte de caractère, n’être plus rien. Elle avait 76 ans et en paraissait beaucoup plus. Avant de refermer le cercueil, j’ai vu aussi ma maman pour la dernière fois.
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Commentaires aux souvenirs de Violette
Commentaire d’Annie Mitran, après lecture des souvenirs de Violette !
C’est avec beaucoup de curiosité que je me suis mise à lire, les souvenirs de Violette. Curiosité intéressée, car j’espérais trouver des souvenirs communs aux miens. Puisque comme dans tout récit mémoriel, l’on commence par raconter son enfance. Et là, effectivement j’ai trouvé un récit chargé de beaucoup d’émotions, de souvenirs heureux et des moins bons. Je pense en particulier à ses grands parents Colinet. Violette nous a ouvert son cœur et son esprit, et s’est livré sans tabous, sans retenue à travers ce texte. Où elle n’oublie rien, me semble-t-il, pas même l’histoire de ses ascendants espagnols et russe à la fois. Mais quelle histoire terrible, que celle de cette aïeule momifiée, mais cependant je n’ai pu m’empêché d’éprouver de la « lastima ‘’. Violette a le don de se raconter, et son récit se lit comme une lettre à la poste. Bien sur, certains feront remarquer qu’elle a des répétitions…Mais à cela je répondrai qu’ils sont quasiment difficiles à éviter…puisque le nouveau souvenir qu’elle nous détaille va la ramener à l’autre, dont elle a déjà parlé dans son récit. Ainsi est la mémoire ! De peur d’en oublier et pour appuyer ce nouveau souvenir, elle va relater l’ancien, que nous connaissons déjà. Mais tout cela n’est pas grave en soit. Enfin, c’est moi qui le pense ainsi, et c’est sincère.
A la fin de cette lecture, on est un peu groggy et on reste principalement sous le charme de cette enfance, en Algérie. Où malgré les difficultés des parents, Violette s’est construite comme une personne pleine de droiture, de générosité et d’amour du prochain…..
MERCI VIOLETTE pour ton récit……
10 10 2014 ANNIE MITRAN-HAEFFLINGER